Tournée: The Ghosts are Returning (Le Retour des Fantômes)

« The Ghosts are Returning », un projet commun de PODIUM Esslingen, du collectif GROUP50:50 et du Centre d’art Waza réunissant des artistes du Congo, de Suisse et d’Allemagne, nous raconte une histoire qui relie leurs différents pays d’origine. En 1952, un médecin suisse a ramené chez lui sept « squelettes de pygmées » de la province congolaise du Haut-Uélé et les a mis à la disposition de l’Université de Genève à des fins de recherche. Contrairement à d’autres squelettes et crânes africains qui se trouvent encore aujourd’hui par milliers dans les archives des musées européens, les noms, les dates de mort et les causes ainsi que l’origine approximative des sept squelettes sont connus.

La restitution des biens culturels africains est devenue en quelques années
un sujet récurrent dans les colloques scientifiques, les rencontres des professionnels des musées, les expositions, etc. Pourquoi ajouter à cela un spectacle de théâtre et de musique ?
D’une part, il ne s’agit pas d’un spectacle sur LA restitution mais sur un dossier particulier, celui de sept squelettes Mbuti bien identifiés qui ont été
exhumés au Nord-Est du Congo et qui sont conservés dans les laboratoires de l’université de Genève. L’oppression des Mbuti par différentes communautés perdure depuis des siècles, la forêt équatoriale qui a constitué leur habitat depuis des générations est menacée par la déforestation souvent illégale menée par des multinationales. Ces squelettes sont un cri d’alarme pour cette communauté, pour notre humanité et pour la planète.

D’autre part, les arguments scientifiques qui ont justifié cette injustice ont
depuis longtemps démontré leur vacuité. Les restes humains ne font quasiment plus l’objet d’une discussion quant à la pertinence de leur restitution. À l’opposé, le matériel culturel contenu dans les musées ethnographiques ont connu une autre forme de sacralisation par le biais de leur statut d’œuvre d’art. Certains se questionnent encore pour savoir s’il faudrait donner des cours d’histoire de l’art aux villageois africains pour assurer la continuité de ce statut avant d’opérer une restitution. Ce projet rappelle que la création artistique n’a pas attendu les institutions pour exister et que les frontières entre d’une part l’art et la vie, et d’autre part les disciplines artistiques sont tout aussi factices que d’autres frontières humaines, que le performatif se donne à voir et que le visuel s’expérimente comme différents fragments de vie. La restitution est ainsi une quête de sens mutuelle où chacun a à apprendre, humblement, de l’autre.

Un spectacle aura lieu vendredi 10 février et Samedi 11 février au bâtiment du 30 juin pour la ville de Lubumbashi, vendredi 17 et samedi 18 février au Mont des Arts pour la ville de Kinshasa.


Ce spectacle aborde une autre nostalgie de la restitution à laquelle personne n’échappe, celle du manque d’un être cher défunt. Cette nostalgie est toujours accompagnée par la musique dans les différentes cultures : les requiem chrétiens tentent de la combler, les lusansu des Lubas, les igbi des Mbuti et d’autres chants encore dans d’autres cultures.
Construire une relation sur ce point de rencontre permet de compatir au
lieu d’expliquer, de tenter ensemble de restaurer au lieu de s’enfermer dans des jugements hâtifs et ou dans la crainte des condamnations.

CATEGORIES